Robots et intérim en logistique, menace ou duo gagnant pour les entrepôts ?
- Emma Casanova
- 4 sept.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 sept.
Vous avez déjà entendu dire que les robots allaient piquer le boulot des intérimaires.
Dans les entrepôts logistiques, la réalité est bien plus nuancée.
En 2025, les sites logistiques se transforment à vitesse grand V sous l’effet des
technologies : robots mobiles autonomes (AMR), convoyeurs intelligents, systèmes
de picking assistés, cobots (robots collaboratifs).
Et pourtant, jamais les entreprises n’ont eu autant besoin de main-d’œuvre humaine
formée et adaptable.
Alors, comment l’intérim s’intègre-t-il dans cet écosystème robotisé ? Quelles
compétences sont attendues, quelles opportunités s’ouvrent et quels défis restent à
relever ? Cet article fait le point, chiffres à l’appui.
Un entrepôt logistique qui change de visage
Depuis cinq ans, la logistique vit une révolution silencieuse. L’automatisation ne se
limite plus aux grandes plateformes type Amazon. Elle gagne désormais les
entrepôts de taille moyenne, dans le e-commerce, l’agroalimentaire, l’industrie et
même la santé.
Les technologies qui montent en puissance :
AMR (Autonomous Mobile Robots) : petits robots mobiles qui transportent
bacs, palettes, colis en toute autonomie
Cobots : robots collaboratifs qui assistent les opérateurs (ex. bras articulés
pour le picking, robots suiveurs)
Convoyeurs intelligents : systèmes automatisés de tri et d’acheminement
Logiciels WMS (Warehouse Management System) : pilotage centralisé des
stocks, tâches, mouvements
Selon le cabinet Interact Analysis, le marché mondial des AMR devrait atteindre 18
milliards d’euros en 2025, contre 4 milliards en 2020. En France, les
investissements explosent, dopés par la pression sur les délais et les coûts.
Non, les robots ne remplacent pas les intérimaires
La peur est tenace avec une phrase qui revient en boucle : « Si tout est automatisé, il
n’y aura plus besoin de caristes, préparateurs, manutentionnaires. » En réalité, c’est
l’inverse qui se produit.
Pourquoi ?
Les robots ont besoin d’humains pour être pilotés, entretenus et réparés
L’automatisation déplace les tâches : moins de port de charges, plus de
contrôle qualité, d’approvisionnement, de supervision
Les pics d’activité (fêtes, soldes, Black Friday) restent prévisibles et
nécessitent cependant une main-d’œuvre réactive
Dans un entrepôt agroalimentaire près de Paris, l’arrivée de 30 AMR n’a pas réduit
les effectifs intérimaires. Au contraire, l’entreprise a cherché des profils plus
polyvalents, capables de jongler entre commandes automatisées et zones
manuelles.
Quelles compétences pour les intérimaires ?
La montée en puissance des robots rebat les cartes des compétences attendues.
Les entreprises cherchent désormais :
Des opérateurs familiarisés aux interfaces digitales (tablettes, écrans,
lecteurs)
Des préparateurs capables de collaborer avec les cobots (par exemple, en
sécurisant les gestes, en alimentant les robots)
Des agents de maintenance de premier niveau (identifier une panne simple,
relancer un AMR, signaler un dysfonctionnement)
Des intérimaires titulaires de CACES R489, mais capables aussi de gérer des
flux automatisés
La clé n’est pas d’être informaticien, mais d’être curieux, adaptable et ouvert aux
évolutions technologiques.
Quels impacts pour les agences d’intérim en logistique ?
Pour les agences, cette mutation impose de repenser le recrutement et
l’accompagnement des intérimaires. Chez Abn. Recrutement, agence intérim
spécialisée dans la logistique à Cergy, on adopte depuis longtemps :
Un sourcing toujours plus qualifié. Car il ne suffit plus de chercher des
bras, il faut trouver des profils capables de s’adapter à un environnement
technologique
Un suivi renforcé et personnalisé par un de nos collaborateurs. Chez nous,
un intérimaire qui apprend à travailler avec un cobot devient un talent à
fidéliser, pas juste un numéro de mission
Les agences comme Abn. Recrutement qui s’adaptent à ces nouveaux besoins
deviennent des partenaires stratégiques pour les entreprises logistiques.
Quelques témoignages terrain. Humains et robots = duo gagnant
Karine, responsable d’exploitation à Cergy
« Depuis qu’on a déployé des robots suiveurs pour les préparateurs de commandes,
nos intérimaires ont changé de posture. Ils sont moins épuisés physiquement, mais
ils doivent être plus vigilants, car les robots dépendent d’eux. Certains ont été formés
pour résoudre des petits bugs. »
Mehdi, intérimaire à Pantin
« Au début, j’avais peur de bosser avec les robots. Je croyais qu’ils allaient faire mon
boulot à ma place. En fait, on forme une équipe. J’ai appris à scanner, à gérer les
interfaces. Et franchement, je préfère ça que de porter des cartons toute la journée. »
Les défis à relever pour tout intérimaire logistique en agence
Car tout n’est pas rose pour autant. La formation est encore inégale car toutes les
entreprises ne proposent pas un accompagnement digne de ce nom. Résultat,
certains intérimaires sont jetés dans le grand bain sans préparation.
Les petits entrepôts investissent moins que les géants, créant un décalage entre
missions “traditionnelles” et missions technologiques.
Enfin, chez les intérimaires peu à l’aise avec le digital, passer d’une mission
classique à une mission automatisée peut générer du stress, tous ne sont pas prêts
à supporter cette charge mentale.
Comment bien s’y préparer ?
Face à cette transformation profonde des entrepôts, ni les entreprises ni les
intérimaires ne peuvent se permettre de rester passifs.
L’arrivée massive des AMR, cobots et systèmes automatisés ne signifie pas
seulement investir dans des machines. Elle oblige à repenser les méthodes de
travail, les parcours de formation et les relations humaines au quotidien.
Pour tirer parti de ces changements, chacun a un rôle à jouer.
Pour les entreprises
Former en interne à l’utilisation des robots
Valoriser les intérimaires qui montent en compétences
Travailler main dans la main avec les agences pour anticiper les besoins
spécifiques
Pour les intérimaires
Se renseigner sur les missions automatisées avant d’accepter
Saisir les opportunités de formation (CPF, modules internes, CACES)
Adopter une posture proactive en posant des questions et en demandant à
apprendre
CONCLUSION
Non, les robots ne sonnent pas la fin de l’intérim en logistique. Au contraire, ils créent
de nouvelles opportunités pour celles et ceux qui savent s’adapter.
Les entreprises doivent accompagner cette mutation en valorisant les intérimaires qui
montent en compétences.
Quant aux intérimaires, ils ont tout intérêt à voir les AMR, cobots et autres
innovations non pas comme des concurrents, mais comme des alliés.
Car dans l’entrepôt de demain, ce n’est pas l’homme ou la machine, mais bien
l’homme AVEC la machine qui fera la différence.





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